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Estebois - Les réfugiés
#29
[Run...]
Bon, eh bien autant ne pas perdre une seconde. Sémirande se mit à courir dans les coursives, impatiente qu'elle était maintenant de descendre sur ce monde auquel elle avait tout d'abord renoncé. Elle arriva face à une baie donnant sur Estebois, enfin, pas tout à fait. La baie était une protubérance sous laquelle la planète apparaissait selon un angle qui donnait l'impression qu'elle était à la fois face à vous, et sous vos pieds, comme une colline que l'on regarderait d'une montagne considérablement plus élevée.

Elle n'était pas vêtue discrètement. Alors que les sept personnes présentes étaient habillées plutôt chaudement, sa robe légère et ses sandales assorties dénotaient un poil. Elle put cependant entrer sans se faire remarquer car un petit incident retenait l'attention des voyageurs. L'officier du Cygne et de son inévitable alter-égo estébalien étaient en train de calmer un monsieur qui faisait manifestement une crise de vertige plutôt carabinée. "Je vais tomber, je vais tomber !" hurlait-il. Bon, il y avait bien des médicaments pour cela, mais là...

Amusée, elle s'assit et regarda comment l'officier cygnien (ou cygnan ?) sut magistralement calmer le paniqué, en faire autant du militaire estébalien qui aurait bien appliqué la procédure "Orkalys", éloigner la poignée de curieux et appeler du renfort.

Le malheureux partit accompagné d'un médic. Celui-là ne descendrait que le lendemain dans l'après-midi, par la prochaine navette.

L'officier reprit sa tâche, et c'est alors que ses yeux se posèrent sur la Navyborg.
Lui : "Mademoiselle, il y a une terrasse "visiteurs" au bar situé plus loin, dans la coursive. Vous y verrez les départs encore mieux qu'ici."
Elle : "Mais je descends."
Lui : "Euh, mais vous savez qu'il ne fait pas encore chaud-chaud en bas ?"
Elle : "Vous savez, je ne suis pas frileuse."
Lui : "Oui, mais quand même... Vous avez vos documents ? Merci.
...
Ah, je vois."

Elle passa la première, tout le monde voulant voir le spectacle. Car c'en fut un. Sémirande Chalmak s'allongea sur une coque tapissée d'un matelas qui épousa la forme de son corps. La couche se rétracta jusqu'à ce que plus rien ne dépasse du tissus réfractaire qui allait la protéger de la chaleur.
Elle : "Je piloterai en manuel."
Lui : "Bien mademoiselle. Votre collier... Vous ne pouvez pas le prendre."
Elle : "Ah, bien sur. Excusez-moi" dit-elle en lui tendant l'objet. Elle vit que c'était un bel homme, qui la regardait de façon professionnelle, tout en restant courtois.
Elle avait toutes les qualifications pour piloter ce bidule. Elle prit connaissance mentalement des procédures qu'elle connaissait cependant par coeur, mais on ne se passe pas de ce genre de précaution. Cela prit une seconde. Satisfaite, elle fit "se lever" l'engin qui prit place dans le sas transparent (il n'y avait pas de baie à champ énergétique, sans doute pour des raisons psychologiques). Un des derniers mots qu'elle entendit avant que la grande porte de verre ne se referme fut "Cyborg...". Sans activer le champ de force de la bulle elle commanda la bassinée et sortit. Tous étaient collés à la "vitre", rejoints par les consommateurs du bar auquel l'officier avait fait allusion. Le douanier estébalien la regardait avec une fascination à laquelle se mêlait manifestement une sorte d'horreur.

Que c'était bien de voler dans le vide, sans rien que son champ NT6. Et encore... Allez. Prudemment, elle rendit son champ poreux, puis voyant que ses systèmes restaient au vert le coupa complètement. Ca y était. Elle était maintenant entrée dans le cercle très fermé des "respirateurs de vide". Bon, d'accord, elle trichait un poil. Elle fit un geste rassurant à l'attention de ceux qui, horrifiés, avaient mal interprété la signification de la bouffée de vapeur qui s'était produite.
Aïe, elle avait gaffé. Ce fut pourtant très calmement qu'elle appela le contrôle et dit "Sémirande Chalmak, capsule Borniol-T-PACAP. Ecran NT6 coupé, combinaison NT6 coupée. Tout va bien, suis opérationnelle." Le culot...
Sans attendre la réponse, elle lança les petits antigravs pour changer l'altitude de l'engin, ce faisant sa vitesse angulaire augmenta et le temps avant de rejoindre le point où était posé le méphisto passa de douze heures à huit, puis cinq, puis deux. Elle en resta là.
C'était superbe. Sous l'atmosphère qui était à portée de main, la draperie verte se parait de tellement de bijoux de beauté qu'elle comprenait, sans y adhérer, les thèses de ceux qui pensaient qu'une intelligence supérieure était derrière tout cela.
Les mois qu'elle avait passé chez les Smarks de Myrtil lui avaient donné le plus beau des cadeaux : elle gardait sa faculté d'émerveillement.

Elle hésita à faire un tour de plus, mais, bon, il ne fallait pas abuser. D'une pichenette mentale, elle bascula son engin, l'alignant à la dixième seconde d'arc près, et activa les antigravs, qui en l'occurrence servirent de "pro-grav" si l'on nous passe l'expression. Une preudo gravité provenant du monde qu'elle désirait atteindre se manifesta, faisant que sa vitesse orbitale devient trop basse. Naturellement, l'engin descendit pour trouver un nouvel équilibre. Ce faisant, il entra dans les hautes couches de l'atmosphère, et commença le feu de joie. Elle envoya un message à son commandant "Quiconque n'a jamais été au coeur d'une torche de plasma n'a pas vécu !!!" le tout ponctué d'un éclat de rire. Et de fait, Sémirande Rosa Chalmak, protégée par une coque de cinq millimètres d'un matériau incroyablement résistant, confortablement installée sur un matelas pour lequel les rois de jadis auraient donné une fortune, les yeux grand ouverts, contemplait avec émerveillement la queue de la torche au milieu de laquelle elle se trouvait. C'est beau, le plasma... Terrible mais beau.

Le ciel s'éclaircit, le jour fit place à la nuit étoilée. La coquille sans couvercle piquait maintenant directement vers le rond de sable que le Méphisto, avec ses soixante mètres de grand axe, recouvrait presque en totalité. Une petite correction et c'était maintenant vers le navire lui-même qu'elle volait. "Le premier pilote Chalmak en approche. Je me pose sur le dos du Transistel." Elle envoya le même message au contrôle de vol... enfin à ce qui en tenait lieu.

La vitesse étant bien tombée, elle se remit sur le ventre et le vent relatif la saisit, faisant volet sa jupe et décoiffant ses cheveux pourtant coupés très courts. Elle piquait droit sur son navire. Elle détailla la ville apprécia les canaux, se disant qu'elle y ferait bien un tour de bateau, et il fallut redresser pour atterrir.

Un jeune du cru la regardait, mi la trouvant à son goût, mi se demandant comment il allait récupérer le module de descente perché si haut. Sémirande Chalmak lui sourit, mit une pièce de la monnaie locale bien en vue dans la coque et la lui envoya doucement d'un ordre mental. Puis elle en rendit le contrôle à ses propriétaires.

Yessssssss"" dit-elle à voix haute en entrant dans le transistel par le sas supérieur.

C'est
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