//Corrigé - il doit en rester mais bon...
[Bon...]
Ils discutèrent de la méthode proposée, et il en ressortit deux points faibles.
- Le Méphisto et sa cible subissaient chacun une légère rotation sur trois axes. Côté Méphisto, cela voulait dire qu'il n'était pas question que le dévidoir reste à bord. Côté Cygnien : l'abordage en serait plus délicat.
- Leur "Grosse" amarre, celle qui aurait pour rôle d'amortir le choc de la liaison, et d'assurer le lien entre les deux navires, faisait 2000 m de long : ni plus ni moins. Il en fut conclu qu'il serait plus facile de l'arrimer d'abord au Cygnien, et ensuite à l'Allié. Pour cela il fallait l'y transporter... Une solution fut trouvée.
Bon, il n'y avait plus qu'à...
Sémi et Gurvan Antillès eurent une conversation, assez vive à vrai dire, pour savoir lequel des deux resterait à bord. Sémirande Chalmak eut le dessus,
présentant un argumentaire en appelant à la raison. Elle était
impotente, il pouvait bouger. Elle était pilote
et mécanicien sur un vaisseau immobilisé, il était pilote et meilleur technicien qu'elle. Elle était subordonnée, il était commandant. Gurvan s'inclina avec un sourire sarcastique. Il resterait à bord, la pilote sortirait avec le personnel qu'elle avait demandé. C'était trois soldats, deux dénommés "Magott" et "Shark", ainsi que et LE "Drake" aux mains baladeuses. Gurvan surprit
le regard assassin de Sémirande
à son égard, mais elle ne broncha pas. Ils se préparèrent soigneusement. Ils montèrent un conteneur en parallélépipède rectangle avec une demi face ajourée. Ils
y montèrent des propulseurs de combinaison afin de le rendre quelque peu mobile. Ils disposaient maintenant d'une sorte de navette. Ils coupèrent la gravité
de la cale afin de pouvoir commodément fixer la bobineuse munie du rouleau d'hypersoie de 220 000 m sur la face pleine. Quelques outils, quelques provisions et ils furent presque prêts. Il manquait quelque chose :
"Khrys, j'ai besoin de métaux denses. Je te prends douze lingots d'or." Elle se servit sans attendre la réponse.
Ils ouvrirent la porte du hangar, et l'étrange engin, piloté par Sémirande, s'éleva "au dessus" du Méphisto.
"Eh bé !!!" Il y aurait du boulot, et les doutes de Sémirande quand à la fiabilité de leur astronef refirent surface, mais elle les garda pour elle.
Ils survolèrent la plaie causée par les nanites, atteignirent les deux alvéoles des Trapanelles. Elles étaient intactes. Deux soldats sortirent manuellement les petits drones. Sémirande éloigna prestement leur.... euf... hum.... "engin" du Méphisto, et l'immobilisa à 500 mètres. Magott et Drake fixèrent le "gros" câble de 2000 mètres sur la Trapanelle 1, tandis que le Shark, sur les indications de la Navyborg, effectua une curieuse manipulation. L'hypersoie, fine comme trois cheveux, était conductrice. Shark fixa un connecteur
à l'extrémité "A" du faisceau au moyen d'un outil spécial, et le "pluga" sur une des arrivées énergétiques extérieures de la sonde. Puis il prit une boucle à 30 cm de la prise, la passa dans l'enrouleur embarqué de cette même sonde et embobina une longueur de 150 mètres. Il fixa ensuite une sorte de pince-mousqueton
très améliorée, quoique totalement standard, sur le fil. Un des waldos de la Trapanelle prit le crochet dans ses doigts robots.
Ensuite, et toujours sur les indications de Sémirande, il ôta la majorité des batteries du drone, laissant de la place pour les douze lingots d'or que Sémi avait barbotés au Marchand.
"Réactif" expliqua-t-elle à Shark, un peu surpris. Un éclair de compréhension apparut de façon fugace dans le regard de l'homme.
La tâche des deux autres était plus simple, et fut vite finie. L'un deux put donc prendre le pack de batteries que la Navyborg avait éjecté de son ventre (elle en avait encore mal d'ailleurs), le fixa sur le dévidoir d'hypersoie, monta le même connecteur que plus haut
à l'extrémité "B" (celle qui resterait côté Méphisto), et sur un signe de tête, brancha. La Trapanelle 2 était maintenant alimentée énergiquement par les supercapacités capables
de tenir en charge un canon blaster pendant plusieurs minutes de tir continu. Il n'en faudrait pas autant.
"On peut y aller ? Vamos !"
Les deux robots partirent ensemble. L'un d'entre eux était autonome et emportait un câble de 2000 mètres de long épais gomme un crayon. L'autre tirait derrière lui un fil qui, malgré la faible lumière ambiante, étincelait parfois d'une flamme verte ou jaune sombre.
Sémirande s'installa. Utilisant l'émetteur hertzien de son Com, ses yeux améliorés, ses calculateurs intégrés et - bien sur - son intégration mentale, elle suivit les deux engins. Ils accélèreraient 10 minutes et freineraient dix minutes. Aux esprits chagrins qui auraient promis à celui qui tirait le filament d'hypersoie un magnifique sac de nœuds en phase de freinage, nous pouvons répondre ceci :
- Le dévidoir commencerait à ralentir le fil dès l'inversion de l'accélération. C'est un fil très modérément tendu qui suivrait la Trapanelle quand elle harmoniserait sa vitesse avec celle de l'objectif.
- Mieux, le dévidoir n'étant pas rotatif, il n'y avait pas de crainte à avoir quand à un effet induit sur la plate-forme (rotation par réaction). Tout juste quelques corrections dues à l'effet coriolis étaient nécessaires, et Sémi les effectuaient au fur et à mesure.
Tout se passa au mieux, et ainsi qu'il était prévu la Trapanelle 1 passa devant. Sémi la suivit de ses yeux extraordinaires, grands ouverts, pupile presque fermée, leur couleur allant du bleu clair au rouge sombre selon le spectre qu'elle privilégiait. Elle ne laissait cependant pas la T2 sans surveillance.
La T1 s'approcha du Cygnien, un bel oiseau, très récent, baptisé "
Or de Sable", du nom d'un désert de Redwone. Sémi sentit son appréhension remonter, mais se raisonna. Il était impossible que Bartke Kirsten soit à son bord. Mais c'était le genre de crainte qui hantait ceux qui avaient des gens à aimer...
Or de Sable ne semblait par trop abimé. Les excroissances, tubulures et autres tentacules que les nanites avaient tissées s'effritaient depuis un moment déjà, et la coque n'était de ce fait plus pressurisée. Mais l'état général n'était pas mauvais.
Trapanelle 1 passa "sous" le vaisseau et examina le point d'ancrage normalisé qui s'y trouvait. Il était intact !!! Trapanelle 2 approcha, harmonisa son mouvement avec la rotation d'Or de Sable, clippa le mousqueton dans l'oeilleton et s'arrima lui-même au Transistel violenté.
Maintenant, il fallait faire vite. Sémirande approcha leur élégante caisse à savon du Méphisto, là
où se trouvait un de leurs propres points d'ancrage, et qu'ils avaient soigneusement choisi. Shark crocha l'autre mousqueton.
Vite vite vite...
Les trois hommes libérèrent le dévidoir, le firent pivoter en "x" et le fixèrent au Mephisto. Ils débranchèrent les batteries de Sémirande
afin d'alimenter la bobineuse directement depuis le Transistel, mais les maintinrent en place : on ne savait jamais. Quand ce fut fait, Magott décrocha le mousqueton, le désolidarisa du brin : le fil d'hypersoie qui reliait maintenant le "Méphisto" et "Or de Sable" entrait maintenant directement dans le dévidoir, qui allait pouvoir servir .
Du fait des rotations respectives des deux Transistels, le brin commença à s'enrouler autour de chaque coque, mais cela n'avait pas beaucoup d'importance, et présentait même un avantage : cela commençait à les rapprocher. Côté Méphisto, la bobineuse, qui s'était orientée dans le sens du fil, commença à tirer. Le fil glissa sur la coque sans l'entamer, et la lente rotation du Méphisto ralentit, s'arrêta et repartit dans l'autre sens. A l'autre bout, la même chose se déroulait. Les rotations respectives s'arrêtèrent, repartirent en sens inverse, puis dans le même sens, selon des oscillations qu'ils avaient soigneusement calculées.
Trapanelle 1 ne chaumait pas. Elle avait fixé l'extrémité du "gros" câble à un autre point d'ancrage, avait soigneusement positionné
et fixé le paquet au moyen d'une colle spéciale. Elle repartit vers le Méphisto, qu'elle atteignit rapidement.
Le dévidoir tirait avec une force variable, selon un rythme très précis. Le brin toucha de moins en moins longtemps chaque coque alors que les oscillations se calmaient pour devenir négligeables. Puis il arriva un moment où la "tête" de cette bobineuse bizarre pointa vers "Or de Sable" sans en dévier.
Les deux navires avaient commencé leur lent rapprochement.
[A suivre]