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Sémirande
Elle dessinait. Oh, ce n'était pas merveilleux, mais on reconnaissait ce qu'elle couchait sur sa planche A2.

Le hasard voulut que monsieur Daykard eut les yeux sur elle quand cela se produisit.

Les enfants jouaient joyeusement, et cela faisait plaisir à voir. Où étaient passées les petites silhouettes de chiffons entassée dans un coin de la gare du Petit Fret d'Emporion Magna ? Sémirande dessinait comme elle en avait reçu consigne par la déjà très lointaine Mandarina Della Notché. Et son regard quitta tout doucement sa feuille, monta, monta, et se mit à fixer le détective. Lequel (je suppose) en ressenti un certain malaise comme son attitude devenait inststante. Puis il comprit. Ce que Sémirande regardait avec calme et attention, ce n'était pas le détective, c'était ... autre chose, autre chose qui était dans son champ de vision.

Mais quoi.

Le regard se détourna enfin, les yeux noirs (si noirs) se posèrent sur le haut de sa planche et elle tira une gifrette, qu'elle mit un long moment à allumer. Sémirande fonctionna plusieurs minutes au ralenti, perdue dans on ne savait quelles pensées.

Daykhard se retourna lentement... que pouvait fixer avec autant d'attention la Commandante? quelle que chose qui se situait par delà lui-même?
Tiens? que dessinait-elle l'instant d'avant?

Il attendit un petit moment:
"Commandante? je peux voir vos dessins?" il s'installe tranquillement à côté de Sémirande.

[Allons-y]
Sémirande sembla prendre graduellement conscience de la présence du détective. Elle considéra une seconde le jeune homme d'un regard ... non pas inquisiteur ; disons plutôt pensif. Sans un mot (et pour cause ) elle lui tendit la tablette, puis détourna les yeux, mais sans gêne ni ostentation.

Il y avait une quinzaine de dessins, ressemblant à s'y méprendre à des fusains. Itzhak Abbart Daykhard n'était pas particulièrement doué pour le dessin, mais il pouvait tout de même se rendre compte que ce n'étaient des ébauches maladroites, fruit d'un travail de débutante. Il y avait de tout. Lohnsöme en train de piloter. Les enfants. La tombe de la femme de Rubisse. Divers membres d'équipage. Le dernier dessin était intéressant dans la mesure où il était inachevé. C'était lui-même, Daykard, quelques minutes plus tôt, occupé à observer les jeunes passagers. Le dessin était inachevé donc, sur un gros trait bien gras, comme provoqué par un soubressaut du à la surprise ...

Sémirande reprit sa tablette sans plus répondre aux questions du détective. Elle s'enferma quelques heures dans sa cabine.

Daykhard ne dit rien, il regarda sa Commandante reprendre ses tablettes et partir en direction de sa cabine.

Se remémorant, le sursaut graphique sur son esquisse, il revint en souriant vers les enfants...

"Où on en était? ah oui? les figures géométriques de base... oui, oui, oui..."